À l’image de Mounkaila Amadou, de nombreuses femmes dans la commune de Simiri veulent s’autonomiser
La commune de Simiri, dans le département de Ouallam, figure au nombre des zones du pays qui sont chroniquement déficitaires sur le plan alimentaire.
La commune de Simiri, dans le département de Ouallam, figure au nombre des zones du pays qui sont chroniquement déficitaires sur le plan alimentaire. Les années de grandes sécheresses que le pays a
connues au cours des cinq dernières décennies, ajoutées aux conséquences néfastes des changements climatiques ont achevé de lessiver des sols appauvris par l’érosion et le phénomène éolien. Les productions sont faibles, provoquant de mauvaises récoltes qui exposent, bon an mal an, de nombreux ménages à l’insécurité alimentaire.
Pour autant, les populations n’ont pas abandonné. Avec l’appui du Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fond pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), comme c’est le cas dans le village de Koum, dans la commune de Simiri, elles exploitent plusieurs hectares de terres où elles cultivent des produits maraîchers pour leur consommation propre et pour la vente. Les revenus tirés de la vente permettent de satisfaire
d’autres besoins.
La Coordonnatrice des Nations unies pour la prévention et la réponse à la famine, Madame Reena Ghelani a visité le site de Koum, présenté comme un exemple d’initiative portée par les communautés à la base pour assurer leur résilience face aux impacts liés aux changements climatiques. Mounkaila Amadou a choisi de rester sur place. À la suite de la visite guidée de ce périmètre par le PAM et son partenaire de mise en oeuvre, l’ONG Karkara,Reena Ghelani a longuement échangé avec les représentants des exploitants du site. Mounkaila Amadou, 41 ans, marié et père de cinq enfants est l’un d’entre eux. Pour ce dernier, pouvoir travailler dans ce site est la meilleure chose qui lui soit arrivée, lui qui naguère partait en exode à la Côte (Côte d’ivoire, Benin, Nigeria) dans l’espoir d’y faire fortune.
Mounkaila est habitant de Djamakoira, un hameau de culture à quelques encablures de Koum. Il est là depuis deux ans ; il exploite des parcelles dans ce site maraicher. Le travail dans ce périmètre n’est pas rémunéré. Les exploitants reçoivent une partie des produits maraichers à la récolte. « Nous n’avons pas de salaire. Si j’ai la chance d’avoir une bonne production dans ma parcelle, alors je peux avoir de quoi manger », a dit Mounkaila.
Cette période qui coïncide avec la soudure (Juin-juillet-août) est très difficile pour les ménages. En général, les producteurs ont épuisé leurs maigres réserves alimentaires alors qu’ils doivent se consacrer aux travaux champêtres avec l’installation de la saison agricole. Selon les résultats du Cadre harmonisé de mars 2023, 3,3 millions de nigériens seront en insécurité alimentaire sévère au cours de la soudure. Le programme alimentaire mondiale (PAM) présente des perspectives beaucoup plus alarmistes, appelant l’ensemble des acteurs en appui au gouvernement à se mobiliser pour adresser les graves conséquences de la crise alimentaire qui se profile.
Les crises alimentaires sont un phénomène récurrent au Niger et au Sahel en général. 2022 a aussi été une année de crise qui a pu être évitée grâce à une alerte précoce des Nations Unies suivie d’une forte mobilisation des acteurs ; ce qui aura permis d’éviter le pire.
Pour sortir de ce cercle vicieux, les acteurs s’accordent à dire qu’il faut focaliser les efforts sur les solutions durables, à l’exemple du projet de koum financé par le PAM. Reena Ghelani l’a réaffirmé lors de sa mission au Niger, aussi bien devant les membres de l’Equipe humanitaire du Pays que devant les donateurs. Elle les a notamment exhortés à soutenir les populations les plus vulnérables de la région en anticipant les sécheresses potentielles et en atténuant l'impact sur leurs moyens de subsistance. « Les autorités des pays touchés par l'insécurité alimentaire doivent faire preuve de plus d'engagement et de leadership dans la lutte contre l'insécurité alimentaire », a-t-elle indiqué, invitant les donateurs à allouer davantage de fonds à la sécurité alimentaire et à la nutrition.
Investir dans les solutions durables et l’autonomisation des communautés
Cette approche est largement partagée par les communautés elles-mêmes. Mounkaila l’a dit dans des propos très clairs. « Nos lopins de terre ne nous nourrissent plus parce qu’ils se sont appauvris à cause de la sécheresse qui rétrécit les surfaces cultivables. Les quelques bottes récoltées permettent à peine de tenir un mois et ensuite plus de réserves alimentaires », a-t-il dit, saluant le PAM pour son appui. Pour lui, le jardin maraicher de Koum est une véritable bouée de sauvetage. « Je préfère ce type d’appui de la part des partenaires ; ce qui nous permet de voler de nos propres ailes au lieu de continuer à être assistés. L’assistance humanitaire n’est pas une solution, elle n’est que temporaire et ne nous met pas à l’abri de la faim », a-t-il déclaré. Passées ses années d’exode, Mounkaila a préféré se fixer sur place, estimant que des opportunités d’emplois lui sont aujourd’hui offertes chez lui. « Grâce aux projets et programmes, nous avons désormais la chance de travailler sur place et trouver les moyens de nous prendre en charge ; plus besoin de partir ailleurs où il faut travailler dur pour peu », s’est réjoui Mounkaila.
Le désir de s’autonomiser est tout aussi fort chez les femmes du club Dimitra de Simiri. Grâce à un financement du Fond des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, elles peuvent facilement écouler leurs produits maraîchers au comptoir et récolter des revenus pour leur autonomisation. Abssatou Younoussa, 64 ans, Présidente du club des femmes Dimitra de Simiri n’a pas caché sa satisfaction au regard des résultats atteints. « Les revenus tirés de ce projet nous permettent d’assurer des soins de santé, de nourrir nos enfants et de pouvoir les envoyer à l’école » a-t-elle déclaré. Les Clubs Dimitra sont des outils mis à la disposition des communautés qui, à travers des processus de réflexion et de concertation inclusive, participent pleinement à l’amélioration et à la transformation de leur milieu et des conditions de vie, à la prise de décision et à la gouvernance locale.
La malnutrition boutée hors de Mallo Koira
Lors de ses interactions à Mallo Koira avec le groupement des femmes qui bénéficient de l’appui de l’UNICEF pour la prévention de la malnutrition et la promotion d’intrants nutritionnels à base de produits locaux, Reena Ghelani a pu apprécier les efforts faits par les partenaires humanitaires sur place mais aussi l’engagement des communautés dans la recherche de solutions durables. Ces femmes pratiquent du jardinage pour ensuite revendre les produits de leurs récoltes ; ainsi, elles alimentent la ville de Simiri en salade. Grâce à leurs productions, les ménages ont vu leurs pratiques alimentaires s’améliorer, ce qui aura permis de réduire le taux de malnutrition dans le village. De 2022 à maintenant, pas un seul cas de malnutrition n’a été enregistré dans le village contre 3 cas de malnutrition dont 2 filles et 1 garçon au cours de la période de 2020-2021.
L’ONG, « Tous unis en faveur de la nutrition » (TUN) met en oeuvre ce projet sur financement de l’UNICEF de décembre 2022 à juillet 2023, avec pour objectif de renforcer les capacités des autorités locales et des organisations à base communautaire dans le domaine de la Promotion/Prévention de la nutrition.
Pour plus d’information, veuillez contacter : Abdoulaye Boubacar Hamani, Chargé de l’information publique, associé, boubacarhamani@un.org, (+227) 97 86 96 15 Noroarisoa Rakotomalala, cheffe de bureau a.i. OCHA Niger, rakotomalala@un.org Les communiqués de presse sont disponibles sur www.unocha.org/niger ou https://response.reliefweb.int/niger