LANCEMENT DU PLAN DE REPONSE HUMANITAIRE
DISCOURS DE MADAME LOUISE AUBIN COORDONNATRICE HUMANITAIRE
Dispositif National de Prevention et de Gestion des Crises Alimentaires
Commission Mixte élargie Etat - Donateurs
Niamey,
- Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Monsieur le Ministre d’Etat,
- Madame l’Ambassadrice de l’Union européenne,
- Mesdames et Messieurs les Ministres,
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
- Mesdames et Messieurs les Membres des Corps Diplomatiques,
- Chers collègues et représentants des Agences, Fonds et Bureau du Système des Nations Unies,
- Mesdames et Messieurs les chefs de missions des Organisations internationales, des ONG internationales et nationales,
- Mesdames et Messieurs,
- Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Je voudrais tout d’abord vous exprimer ma reconnaissance, au nom du Système des Nations Unies, pour le cadre que vous offrez pour cette importante rencontre ; un cadre qui réunit le gouvernement du Niger, les partenaires financiers, les acteurs humanitaires – ainsi que les acteurs de développement – nous reviendrons souvent au cours de nos discussions sur la nécessaire interconnexion des acteurs et de leurs interventions.
La diversité des participants témoigne à nouveau de votre volonté affirmée d’assurer leadership et coordination des actions touchant le cœur des défis que connait la population du Niger, et d’assurer un suivi conjoint – la preuve en est de ce bilan d’étape de la mise en œuvre du Plan de Réponse Humanitaire et du Plan de Soutien.
Permettez-moi de remercier d’amblée les bailleurs de fonds ici présents qui, malgré le jonglage de multiples priorités évoluant dans un contexte de crise sanitaire, économique, et sécuritaire, n’ont jamais ménagé leurs efforts pour soutenir les réponses qu’apportent les agences, fonds et programmes du Système des Nations Unies au Niger.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs,
S’agissant du Plan de réponse humanitaire 2021, vous vous souviendrez qu’il a été officiellement lancé le 4 février 2021 conjointement avec le Plan de soutien du gouvernement dans un contexte sécuritaire et humanitaire difficiles. Une synergie entre le Plan de Soutien 2021 et le Plan de Réponse Humanitaire est assurée à travers les cibles sectorielles et les problématiques communes telles que : la sécurité alimentaire, la nutrition, les mouvements des populations, les inondations, l’éducation et la réponse à la pandémie de la COVID-19.
Depuis le début de cette année, la protection et les besoins des populations civiles prisent dans l’étau de l’insécurité et toutes ses conséquences (déplacement forcé des familles, leurs moyens de survie coupés, leur accès aux services de l’Etat entravé…) n’ont cessé de faire l’objet de nos préoccupations communes. La pandémie du COVID-19 et ses répercussions socio-économiques n’a fait qu’exacerber les vulnérabilités déjà importantes des populations, pour conséquence une augmentation significative des besoins humanitaires.
Plus de 584 000 de personnes sont à ce jour en situation de déplacement forcé : 313 000 d’entre elles sont Nigériennes, forcées de quitter leur foyer pour des raisons qu’elles ne maitrisent pas et se réfugier à l’intérieur de leur propre pays ; et 235 000 personnes surtout de pays frontaliers qui connaissent des conflits violents, n’ont eu autre choix que de traverser des frontières pour trouver refuge ici au Niger.
Pour illustrer un peu la complexité des raisons pour lesquelles doivent fuir certains, sur le site d’Elgada à Maradi, j’ai rencontré une communauté de 274 Nigériens retournées du Nigéria depuis peu du fait d’attaques violentes. Ce groupement de familles s’était relocalisé au Nigeria dans les années 1984 du fait d’une pénurie alimentaire. A leur retour au Niger, ce sont des familles qui se sont mobilisées pour les accueillir, partageant nourriture et logement. Les autorités locales sont actuellement à l’œuvre pour l’attribution de terres et trouver solutions au manque d’eau et intrants agricoles.
A l’instar de la tendance mondiale, le nombre des personnes déplacées ne cesse de croitre ; ici au Niger, la population des déplacés (Nigériens et refugiés) a doublé au cours des trois dernières années – une tragique illustration d’une violence en évolution constante dans la sous-région et aux frontières du Niger. Ainsi avons-nous enregistré plus de 82 000 nouvelles PDI au courant du premier trimestre de cette année, une augmentation de 35% par rapport au premier trimestre de 2020. Nous retrouvons des personnes déplacées sur 22 départements et sur 197 sites d’accueil, la plus grande majorité de ces sites dans la seule région de Tillabéry.
Excellence Monsieur le PM,
Je salue l’engagement du Gouvernement pour assurer les retours volontaires des familles nigériennes déplacées vers leurs villages d’origine, et, ceci conformément à ces obligations en vertu de la Convention de Kampala et la loi du Niger de 2018 sur les déplacés. Il pourrait s’agir plus globalement de la recherche de multiples solutions au déplacement – comme l’intégration socio-économique dans des zones d’accueil autre que les lieux d’origine des déplacés. Les leçons apprises dans divers contextes nous obligent à reconnaitre qu’au cœur d’une nécessaire planification des retours doivent se trouver la sécurité assurée sur le long terme et la pleine participation des personnes concernées. Après tout, l’impératif premier d’une véritable solution pour les personnes déplacées est de corriger les raisons à l’origine de leur déplacement ; sinon, nous risquons de les faire basculer à nouveau dans le besoin humanitaire et de remettre en cause leur sécurité.
Lors du lancement des plans de réponses en février, le nombre de personnes ayant besoin d’assistance était déjà passé de 2,3 millions (en 2020) à 3,8 millions. Le Plan de Réponse Humanitaire, du fait d’une estimation des ressources et capacités sur le terrain a pour objectif d’apporter assistance à 2,1 millions de personnes soit 57% des personnes dans le besoin.
Au cours de ce trimestre, les acteurs humanitaires ont apporté une assistance multisectorielle à 843 000 personnes soit 40% des personnes ciblées par l’assistance humanitaire en 2021 dans 4 régions prioritaires.
D’importants défis restent à relever et cela ne saurait être possible sans une plus grande mobilisation des partenaires techniques et financiers. Pendant les trois dernières années (2018/2019/2020), le Plan de Réponse Humanitaire du Niger a été financé à hauteur d’environ 60%. Votre confiance nous est précieuse, voir capitale. J’ai l’espoir de voir monter les financements qui, pour cette année en cours, ne s’élèvent qu’a 8 pourcents du budget du Plan de Réponse Humanitaire.
Je lance aussi un appel à nous tous pour mettre nos diverses expériences à contribution et doter le gouvernement de moyens appropriés pour faire face au triptyque Humanitaire – Paix – Développement, un enjeu crucial pour nos stratégies de changement profond. A titre d’exemple, en compagnie du Ministre de l’Action Humanitaire et des représentants du corps diplomatique, j’ai visité le Centre de Récupération des Enfants Malnutris (CRENI) de l’hôpital de Maradi où, ce jour-là, 48 enfants malnutris sévères de moins de 5 ans étaient en cours de traitement. Si je ne peux tarir d’éloges pour le personnel médical, je suis restée profondément bouleversée non seulement par le sort de ces enfants, mais aussi par celui de leurs mamans tout aussi émaciées. Les multiples causes de cet état de fait sont profondes et liées.
Le Sommet Mondial sur les Systèmes Alimentaires et le plan de développement économique et social (PDES) sont autant d’opportunités pour travailler en plus grande synergie et nous rapprocher des objectifs de développement durables.
Ce partage d’expertise et d’expérience et une détermination de régler des différends opérationnels et de politique générale caractérise le solide partenariat entre l’Etat du Niger et le Système des Nations Unies. A titre d’exemple, la décentralisation des modalités d’accès aux populations dans des zones d’insécurité fut décidée en concertation avec tous les acteurs concernés.
Je m’en voudrais de passer sous silence les résultats positifs enregistrés dans le cadre de consultations a haut niveau, sous votre leadership Monsieur le Premier Ministre. Il est important en effet de conserver un espace de concertation stratégique afin d’informer et ajuster la mise en œuvre des politiques guidant nos efforts conjoints.
Je voudrais conclure Excellence, Monsieur le Premier Ministre, en vous remerciant pour tous les efforts que vous mettez en œuvre pour créer un cadre propice de travail axé sur les résultats. Je reste convaincue que, sous votre direction, Excellence Monsieur le Premier Ministre, et grâce à une excellente collaboration et coordination entre tous les partenaires, nous pourrons atteindre des résultats bien meilleurs.