De la terre à la dignité, à Zinder la résilience porte un nom de femme À l’aube, la lumière dorée caresse les champs de Dan Goudaou, dans la région de Zinder
Là où s’étendait autrefois un sol nu et craquelé, s’élèvent aujourd’hui des herbes, des jeunes arbres et le chant des oiseaux. Les femmes arrivent, pelles et paniers à la main, les rires mêlés au vent chaud. Ici, la vie a repris. Haoua Souley Tawati, 61 ans, observe le terrain qu’elle connaît par cœur :
« Avant, on pouvait voir quelqu’un à un kilomètre tellement la terre était nue. Aujourd’hui, les arbres sont partout, les animaux sauvages sont revenus… et nos vies aussi. »
Autour d’elle, les demi-lunes creusées dans la terre témoignent de mois d’efforts collectifs. Là où la sécheresse semait la désolation, les champs reverdis nourrissent désormais les familles. Quand la terre revit, les femmes se relèvent Cette transformation n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’un effort collectif conduit par le Gouvernement du Niger et les communautés locales, avec l’appui du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Ensemble, ils mettent en œuvre des solutions durables pour restaurer la terre, renforcer la sécurité alimentaire et créer des moyens de subsistance stables. « Quand le PAM est arrivé, il a choisi de travailler avec les plus pauvres », raconte Haoua.
« Aujourd’hui, les femmes choisies ne sont plus dans cette catégorie. Elles ont des maisons, des animaux, des revenus. » Sous un acacia, Adama Kakale, 60 ans, sourit : « Avant, tenir 10 000 francs CFA dans mes mains était un rêve. Aujourd’hui, je vends mon mil pour 150 000 francs CFA ! » Grâce à ces efforts conjoints, dans la region de Zinder uniquement plus de 3 millions de dollars ont été transférés directement aux ménages, et 2 000 tonnes de vivres ont été distribuées à près de 300 000 personnes. La création de 641 banques céréalières, totalisant 149 000 tonnes de stock, garantit aujourd’hui la sécurité alimentaire de 38 336 ménages.
Quand le sable se transforme en promesse À Sisia, dans le département de Tanout, les dunes autrefois mouvantes sont aujourd’hui fixées par des barrières végétales et des rangées d’arbres. Haoua Abdoulaye, 45 ans, y travaille chaque matin avec d’autres femmes. « Nous avons appris à planter les herbes et les arbustes qui retiennent le sable. Aujourd’hui, même les vents violents n’emportent plus nos terres. Nous avons protégé nos champs, nos maisons et notre avenir. » Grâce à ces techniques, Sisia est devenu un exemple de restauration réussie, où les femmes assurent la protection des terres arables et la continuité de la production agricole. Les gardiennes de l’eau À Maïgardaye, Fathima Daouda, 40 ans, s’active autour d’une mare pour couper les plantes envahissantes. « Nous travaillons ensemble.
Certaines coupent, d’autres transportent. Ce travail nous rend fières. Nous étions pauvres, aujourd’hui nous sommes autonomes. » Encadrées par les services techniques de l’État et accompagnées par le PAM, les femmes de Maïgardaye entretiennent les mares, fabriquent du compost naturel et participent à la régénération des écosystèmes aquatiques. Ces gestes simples freinent l’avancée du désert et redonnent vie à la terre. Les activités génératrices de revenu se multiplient : 84 unités d’extraction d’huile ont permis à 3 028 ménages de produire 10 tonnes d’huile d’arachide, générant plus de 10 millions de francs CFA, tandis que 540 ménages engagés dans l’embouche ovine ont collectivement gagné 15 millions de francs CFA.
Des résultats qui redonnent confiance Grâce à cet accompagnement conjoint du Gouvernement du Niger et du PAM, avec le soutien de l’Allemagne, du Danemark, du Canada et de l’Italie, les progrès sont tangibles dans la région de Zinder sur les sites d’intervention du Programme Alimentaire Mondial : • 82 % des terres dégradées identifiées ont été restaurées ; • 59 % des ménages disposent désormais d’au moins 2 hectares exploitables ; • 35 % des ménages FFA sont passés de « pauvres » à « moyens » ou « aisés » ; • et le taux de malnutrition aiguë globale est tombé à moins de 2 %. Au-delà des chiffres, c’est la dignité humaine qui renaît. Chaque arbre planté est une promesse de vie, chaque femme débout une victoire sur la précarité.
Dans le regard de Haoua Souley, d’Adama Kakale, de Haoua Abdoulaye et de Fathima Daouda, on lit la fierté de contribuer, à bâtir un avenir durable pour leur terre. Sous le ciel de Zinder, elles avancent, semant chaque jour les graines d’un monde plus juste et plus vert.