« Nous n’avons plus peur » : Dans les campagnes du sud du Niger, les femmes font désormais entendre leur voix
La vie peut être très difficile dans les villages ruraux du sud du Niger. Certaines années, comme l'année passée et celle qui l’a précédée, les récoltes sont ra
La vie peut être très difficile dans les villages ruraux du sud du Niger. Certaines années, comme l'année passée et celle qui l’a précédée, les récoltes sont ravagées par les insectes. Et surtout, le climat peut être rude. Le mercure peut dépasser les 40 degrés pendant la saison chaude et les pluies peuvent être violentes et torrentielles pendant la saison humide.
Un jour, se souvient Asma Abdou, "Une forte pluie a commencé à tomber à 4 heures de l'après-midi. À 7 heures, j'ai mis les enfants au lit sous une moustiquaire". Asma a pris cette habitude pour protéger ses enfants des maladies transmises par les insectes, comme le paludisme.
"Le lendemain matin, à l'aube, j'ai entendu un bruit atroce. Le toit s'était effondré. Les voisins sont venus nous aider et chercher les enfants, mais tout était en ruine. Tous les enfants étaient morts. Dieu les avait repris".
Ce genre de catastrophe n'arrive pas souvent dans les petits villages, mais le quotidien des villageois peut être éprouvant. Heureusement, les habitants sont là les uns pour les autres : les voisins viennent vous rendre visite, les autres mères vous accompagnent dans le deuil, les coopératives locales se regroupent pour se partager le travail et alléger le fardeau.
It is these local groups that the United Nations is supporting, to make difficult circumstances a little easier for women in twenty villages in the regions of Maradi and Dosso, in the south of Niger.
Légende: Un groupe de femmes travaille à la culture du sorgho dans la région de Maradi (Photo prise avant la pandémie de COVID-19).
Photo : ©FAO/IFAD/WFP/Luis Tato
Ensemble, ONU Femmes, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international de développement agricole (FIDA) ont mis en œuvre un programme conjoint visant à donner aux femmes de ces villages les outils et les compétences dont elles ont besoin pour pouvoir mieux travailler et se reposer davantage. Ce programme a été baptisé "Accélérer les progrès vers l'autonomisation économique des femmes rurales" (en anglais : “Accelerating Progress Towards Rural Women’s Economic Empowerment", ou RWEE).
Le programme a permis de mettre à disposition plusieurs outils, dont des plateformes dites "multifonctionnelles", c'est-à-dire des moteurs à gaz pouvant être connectés à différents équipements et utilisés entre autres comme pompes, moulins à grains, décortiqueuses ou encore générateurs. Le nombre de bornes-fontaines a en outre été augmenté de manière à permettre l’approvisionnement de la collectivité en eau. Des dizaines de charrettes et de poulies ont été installées au niveau des puits communautaires et des ânes ainsi que des charrues ont également été mis à disposition.
Ces petites choses, mises bout à bout, ont produit des changements très importants dans la vie quotidienne de plus de 17.000 femmes. Indo Garba vit dans un village appelé Koguia, au sud de Maradi. "Les moulins à grains, les décortiqueuses et les charrues nous ont permis de réduire la pénibilité des tâches ménagères", se réjouit-elle. "Les moulins à grains et les décortiqueuses nous aident à transformer et à conserver le millet, les arachides et les haricots, qui servent à produire des beignets, des biscuits, de l'huile et d'autres produits que nous vendons ensuite sur le marché". Une partie des revenus tirés de ces ventes est utilisée pour entretenir le matériel ou alimenter la caisse d'épargne collective du réseau de femmes.
Le programme conjoint de l’ONU ne fait pas qu'alléger le fardeau des tâches ménagères. Il apprend aussi aux femmes à assumer des responsabilités de direction et à acquérir d'autres types de compétences, de manière à ce qu’elles jouissent d’un pouvoir accru au sein de leur communauté. Plus de 4.600 femmes ont bénéficié de ce programme.
L'une d'entre elles est Saoudé Garba. "Lors des réunions que nous organisons dans nos associations de femmes, nous discutons des difficultés que nous rencontrons et nous essayons de trouver des solutions pour les surmonter", raconte-t-elle.
“Les sessions de formation [de l'ONU] nous ont permis d'acquérir des compétences en matière de direction et d'être sur un pied d'égalité avec les hommes dans la prise de décisions concernant les affaires locales”.
Le groupe de femmes dont fait partie Saoudé s'est récemment organisé pour soutenir la candidature de l'une des femmes membres du groupe aux élections municipales. Aujourd’hui, grâce à la force dont elles ont fait preuve, les femmes sont consultées dans la gestion des affaires locales.
Le groupe a l’intention à présent de soutenir une autre femme qui a, cette fois, présenté sa candidature en vue de siéger à l'Assemblée nationale.
Quelle que soit l’issue de cette course à l’élection, explique-t-elle, les retombées positives de ce programme conjoint sont évidentes.
“Nous nous sentons plus autonomes. Nous n'avons pas peur d'exprimer notre opinion devant les hommes”.
Article produit par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Écrit par Paul VanDeCarr, du BCAD, avec l'appui d'ONU Femmes au Niger.