De la mendicité à l’autonomie : l’émancipation des femmes handicapées de Maradi
27 mars 2025
Dans les zones rurales du Niger, une métamorphose discrète mais profonde s’opère. L’instruction et le savoir prennent une dimension transformative pour les femm
À Maradi, au Niger, la vie des femmes en situation de handicap fut longtemps et très souvent marquée par l’exclusion et la mendicité. Reléguées aux marges de la société, elles arpentent les carrefours, un récipient à la main espérant quelques pièces pour survivre. Mais en 2024, une lueur d’espoir a émergé.
Badaria, 38 ans, jeune femme sourde, se souvient : « Je mendiais depuis des années, honteuse mais résignée. Un jour, j’ai croisé le regard d’une formatrice du FONAF. Elle m’a dit : “Tu as en toi le pouvoir de changer ta vie.” Ces mots ont tout bouleversé. »
Octobre 2024 : le PNUD Niger forme 622 femmes rurales, dont 32 handicapées, aux techniques de teinture et transformation alimentaire.
Grâce au programme d’autonomisation inclusive en partenariat avec le FONAF (Forum National pour l’Autonomisation des Femmes), ces femmes ont reçu des formations en teinture locale, transformation de céréales et micro-entrepreneuriat. En plus de ces compétences, elles ont obtenu des subventions pour lancer leurs activités.
Badaria, jeune femme sourde et mendiante en interview après sa formation au FONAF
Badaria témoigne : « Aujourd’hui, je fabrique des tissus teintés avec mes propres motifs si uniques, et je produis de la farine infantile enrichie avec des céréales de Maradi. Grâce à la formation et à la subvention de 150 000F que j’ai reçue, je fructifie mes revenus et nourris ma famille ». Elle forme à son tour d'autres femmes handicapées, leur déclarant avec conviction : " Je n'imaginais pas être utile à la société et gagner mon propre argent. Une personne handicapée est seulement celle qui ne veut rien faire avec sa tête, ses pieds et ses dix doigts."
Baraka, une autre bénéficiaire handicapée, raconte : « J’ai appris à transformer diverses céréales en couscous, à teindre des tissus avec mes créations, et à gérer une microentreprise. Je me sens renaître en 2024 !
Baraka, heureuse de donner un autre sens à sa vie
Elle ajoute, « Avant, je traînais ma bosse aux carrefours, désespérée. A présent, je retourne encore aux carrefours où je mendiais autrefois, non plus pour demander l’aumône mais pour y écouler mes produits. Chaque vente est une victoire, une preuve que je peux être utile. »
Autrefois invisibles, ces femmes en situation d’handicap, se sont constituées en groupes d’entraide à Maradi et forment à leur tour, leurs paires dans les villages d’Aguié et Badaguichiri. Unies au sein des groupements, elles transforment leur vulnérabilité en force collective, démontrant qu'avec les compétences appropriées, tout destin peut se réinventer.
Elles vendent désormais leurs produits sur les marchés et lors de cérémonies de mariage à Maradi. Leur prochaine étape ? Formaliser leurs activités et mettre fin à la mendicité pour de bon.
L’histoire de ces femmes handicapées et mendiantes témoigne avec force que l’espoir et la dignité peuvent renaître, même auprès des populations les plus vulnérables, lorsque l’aide au développement s’aligne sur leurs besoins intrinsèques.
Grâce à l’appui du PNUD Niger à l’autonomisation des femmes de Maradi, 622 femmes de Maradi ont non seulement changé leur vie, mais deviennent des modèles pour d’autres communautés marginalisées, insufflant un espoir nouveau !