Garin Kaka : Un modèle d’inclusion des réfugiés au Niger
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Le village de Garin Kaka, commune de Chadakorie est parmi les trois villages d’opportunité dans la région de Maradi
Le village de Garin Kaka, commune de Chadakorie est parmi les trois villages d’opportunité dans la région de Maradi qui accueillent les refugies nigérians qui ont fui les conflits au Nord du Nigeria. Garin Kaka se distingue comme une initiative novatrice dans la recherche des solutions pour les réfugiés. Soutenu par le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, ce village incarne une alternative aux camps de réfugiés traditionnels, en favorisant l'intégration harmonieuse des réfugiés nigérians avec les communautés locales. Au 31 décembre, la région de Maradi accueille 80 074 réfugiés nigérians, 18 697 PDI et 314 Personnes autrement concernées, portant le nombre de personnes déplacées à 99 085.
Un Concept Innovant pour une Intégration Durable
La stratégie de réponse à Maradi repose sur une approche alternative aux camps à travers la création de "villages d'opportunité" qui vise à permettre aux réfugiés de vivre ensemble avec les populations locales plutôt que d’être installés dans des camps des réfugiés traditionnels. Selon ce modèle, les réfugiés sont intégrés dans les communautés locales, leur permettant ainsi d'avoir un accès direct aux services de base et de participer dans le développement socio-économique de la région. Contrairement aux camps traditionnels, où les réfugiés sont souvent isolés et dépendants de l'aide humanitaire, l’approche « hors camp » offre un environnement plus favorable à leur autonomie et à leur intégration. Elle permet aussi la prise en compte des besoins des populations déplacées dans les programmes et projets existants dans la région.
Il existe trois villages d’opportunité dans la région de Maradi, à Garin Kaka, Chadacori et Dandadji Makaou, qui accueillent 10,500 réfugiés nigérians. Ceux-ci disposent d’une capacité d’accueil suffisante pour héberger plus de 7 000 personnes supplémentaires. Les autorités nigériennes et le HCR prévoient d’y accueillir davantage de personnes, en favorisant la relocalisation volontaire des nouveaux réfugiés et des réfugiés nigérians installés dans les villages d’accueil situés à proximité de la frontière.
L'Agriculture, Pilier de l'Intégration
L'agriculture constitue un vecteur essentiel d'intégration à Garin Kaka. Les cultures, notamment l'arachide, sont cultivées collectivement, générant des revenus et renforçant les liens sociaux. Les coopératives agricoles, à l'image de celles qui produisent de l'huile d'arachide, incarnent une économie solidaire où les différences entre réfugiés et locaux s'estompent au profit d'un objectif commun.
Zakari Yaou, réfugié et exploitant membre de la coopérative maraîchère de Garin Kaka qui regroupe réfugiés et autochtones témoigne : « L’introduction des activités de maraîchage dans le village de Garin Kaka a été pour nous d’une grande portée car avant nous étions dépendant essentiellement de l’assistance alimentaire ». « Aujourd’hui même sans cette assistance j’arrive à subvenir à certains besoins élémentaires de ma famille grâce au maraîchage ».
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Éducation et Accès aux Soins : Facteurs de Cohésion Sociale
L'école de Garin Kaka illustre l'un des aspects fondamentaux de cette intégration : les enfants de diverses origines y apprennent ensemble, consolidant ainsi le tissu social à travers l'éducation. Cette inclusion est soutenue par l’Etat du Niger par la mise à disposition des enseignants pour renforcer l’école de Garin Kaka. Des images des classes montrent une diversité d'élèves unis par un apprentissage commun.
« La venue des réfugiés a été une opportunité pour nos deux communautés contrairement aux préjugés véhiculés ici et là avant leur relocalisation » nous confie le Président du Comité de Gestion des Etablissements Scolaires de Garin Kaka Boubacar Djika, « Des classes en bâtiments définitifs ont été construites avec des murs sécurisés où enfants réfugiés et autochtones étudient ensemble sans aucune barrière et se retrouvent autour d’un même plat dans la cantine scolaire ». « Nous remercions le HCR, ses partenaires et les autorités nigériennes pour avoir facilité l’accueil et l’installation des réfugiés dans notre village ».
Le centre de santé communautaire construit selon normes standard avec l’appui du HCR et de ses partenaires, quant à lui, offre des soins accessibles à tous sans distinction. Il joue un rôle crucial non seulement pour la santé publique mais aussi pour la cohésion sociale en instaurant un sentiment d'équité et d'appartenance partagé. L’Etat continu d’appuyer le centre de santé à travers le déploiement d’un personnel de santé qualifié et la gratuité des soins médicaux offerte aux ménages vulnérables et aux enfants de 0 à 5 ans y compris les réfugiés.
« L’accès aux services de soins de santé de qualité a significativement amélioré la santé de la mère et de de l’enfant » se réjouit Faiza Oumarou réfugiée nigériane.
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Un Engagement en Faveur du Développement Durable
Garin Kaka s'inscrit dans une démarche de durabilité, avec des initiatives telles que l'installation de panneaux solaires pour l'énergie et des projets de conservation de l'eau. Ces mesures visent à assurer l'autosuffisance du village tout en préservant son écosystème fragile.
Une Vie Communautaire en Pleine Expansion
La vie quotidienne à Garin Kaka est rythmée par des activités communautaires, des marchés et des événements culturels qui favorisent les échanges et l’intégration. Les témoignages recueillis et les images partagées par le HCR illustrent une communauté en construction, où les distinctions entre réfugiés et nationaux s'effacent progressivement.
Cette intégration a favorisé des mariages mixtes entre réfugiés et locaux en témoigne le Chef du Village de Garin Kaka Mohamed Yacouba : « Tous ceux qui veulent rester à Garin Kaka peuvent le faire. S'ils prévoient de construire une maison ici, ils feront partie du village. Même mon fils a épousé une réfugiée ».
Perspectives et Enjeux
Garin Kaka représente un modèle prometteur pour l'intégration des réfugiés, allant au-delà de l'aide humanitaire d'urgence pour poser les bases d'une coexistence durable. En termes d'emplacement, les trois « villages d'opportunité » bénéficient d'un avantage comparatif en matière de sécurité, d'accès aux services sociaux de base et d'activités de résilience. Grâce aux nombreuses initiatives mises en place par le HCR et ses partenaires, en étroite collaboration avec les autorités, ces villages sont devenus des exemples de durabilité, d'intégration et d'inclusion des services, tant au bénéfice des autochtones que des réfugiés.
Toutefois, la pérennité du projet dépendra du maintien du soutien institutionnel, de la stabilité régionale et de l'engagement des acteurs locaux et internationaux.
Pour suivre l'évolution de Garin Kaka, accédez aux ressources en ligne du HCR et à leurs publications sur les réseaux sociaux, qui offrent un aperçu des avancées et des défis de ce village modèle.