CEREMONIE D’INVESTITURE DE LA CAPITAINE MOROU HADIZA AU RANG D’AMBASSADEUR DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES A L’ENDROIT DES ENFANTS
ALLOCUTION DE LOUISE AUBIN, COORDONNATRICE RESIDENTE
DU SYSTEME DES NATIONS UNIES AU NIGER
CEREMONIE D’INVESTITURE DE LA CAPITAINE MOROU HADIZA AU RANG D’AMB
Niamey, le 17 Novembre 2021
Monsieur le Haut commandant en second de la Gendarmerie National du Niger ;
Madame la Représentante Spéciale du Secrétaire Général chargée de la question de la violence à l'encontre des enfants, Dr. Najat Maalla
Mesdames et Messieurs les Représentants des Ministères
Honorable Chef de Canton de Karma, Représentant l’Association des Chefs traditionnels et religieux ;
Mesdames, Messieurs les représentants des agences du Système des Nations Unies et chers collègues ;
Mesdames, Messieurs les représentants des organisations de la société civile ;
Chers élèves de l’école de la Gendarmerie Nationale ;
Mesdames, Messieurs de la Presse et des médias sociaux ;
Mesdames et Messieurs en vos rangs, grades et qualités,
Permettez-moi à l’entame de mon propos de féliciter le comité d’organisation de cette cérémonie d’investiture et saluer la mobilisation exceptionnelle de chacun pour une thématique qui nous préoccupe tous et toutes : la protection des enfants contre toutes les formes de violences.
J’adresse également mes sincères remerciements au Dr. Najat Maalla, Représentante Spéciale du Secrétaire Général, pour son combat quotidien visant à mettre fin aux violences à l'encontre des enfants. Dr. Najat Maalla effectue une mission au Niger du 13 au 21 Novembre dans le cadre du Sommet de l’Union Africaine et en marge de cette activité, elle organise des dialogues constructifs avec toute les parties prenantes intervenant dans la protection des enfants, des femmes et des filles. Ses objectifs sont d’accompagner le Gouvernement afin de créer un environnement favorable et sans violence pour les enfants, les femmes et les filles au Niger et ceci dans une approche intégrée et multisectorielle.
En effet, Selon le dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH, 2012), la population infantile (moins de 18 ans) représente 58,2% de la population totale. Et, selon les données de l’Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples de 2012, on observe 76,3% de mariage d’enfants ce qui revient à dire que 3 filles sur 4 se marient avant l’âge de 18 ans. En plus, quatre enfants sur 10 n’ont pas d’acte de naissance et un enfant sur deux en âge d’aller à l’école est privé de son droit à l’éducation. Au sein de la population jeune scolarisée, l’abandon scolaire est trop fréquent. En effet, sur 100 filles inscrites à l’école, environ 30 décrochent avant d’arriver à la fin du CM2 et pour 100 filles qui arrivent en classe de 6ème, seulement 17 filles terminent la classe de 3ème, notamment en raison du nombre important de mariage d’enfants.
Ces observations révèlent l’ampleur des violences faites aux femmes, aux filles et aux enfants. Des efforts sont fournis par le Gouvernement et tous les acteurs pour améliorer la protection des enfants, des femmes et des filles dans le pays. C’est dans cette perspective que des initiatives et des engagements sont pris dans toutes les corporations pour réduire ces pratiques néfastes. La Gendarmerie n’est pas restée à l’écart dans la contribution au rétablissement des droits des enfants, des femmes et des filles.
Toutefois, d’ici un mois, nombre des chiffres cités auront plus de 10 ans. En une décennie, les efforts se sont nécessairement traduits par des progrès qu’il est important de documenter par des enquêtes afin de toujours mieux cibler les efforts. Je me réjouis du lancement récent d’un nouveau Recensement Général de la Population et de l’Habitat et forme le vœu que les résultats révèleront une tendance positive.
Parmi les acteurs majeurs du changement, la Capitaine Morou Hadiza, Directrice de la Cellule Centrale de la Protection des Femmes et des Mineurs de la Gendarmerie Nationale à Niamey et conseillère spéciale au cabinet du médiateur de la République du Niger dans le domaine du genre, de la protection des femmes et des enfants, s’investit dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux enfants et aux femmes.
La signature en 2020 du Mémorandum d’entente de partenariat entre l’UNFPA et le Haut Commandement de la Gendarmerie rehausse son engagement et elle multiplie les actions pour plus transformé les réalités malheureuses de nos enfants. La Gendarmerie renforce ainsi son rôle particulièrement important en matière de protection contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Les populations ont aussi plus confiance dans cette institution pour dénoncer les abus et porter plainte. La Gendarmerie et ses officiers s’illustrent également dans la collecte des données en matière de violences basées sur le genre.
Chers collègues du Système des Nations Unies,
Je vous sollicite ici pour mobiliser toutes vos capacités pour soutenir toutes les initiatives qui permettront de mettre à l’abris les enfants, les filles et les femmes de toutes les formes de pratiques néfastes (mariage d’enfants, violences basées sur le genre, viols, exploitations sexuelles etc…).
Capitaine Morou Hadiza, madame l’Ambassadeur de la lutte contre les violences à l’endroit des enfants,
Devant cette audience je vous ouvre les portes du Bureau de la Coordination du Système des Nations Unies pour vous accompagner dans cette noble tâche de la protection et de la restitution de la dignité des femmes, des filles et des enfants.
Excellence, Mesdames, Messieurs,
Des milliers de femmes et de filles à travers le monde subissent, chaque jour, des violences sous diverses formes : viol, agression sexuelle, mariage forcé, déni de ressources d'opportunités ou de services, violences psychologiques et émotionnelles et violences physiques.
Elles sont aussi des millions, les adolescentes qui n’ont jamais connu le chemin de l’école ou qui se sont retrouvées dans un système qui ne permet pas leur maintien à l’école parce que tout simplement elles sont des filles. Des millions d’entre elles, sont enceintes ou ont donné naissance à un enfant alors qu’elles-mêmes sont encore enfants.
Dans ce contexte, le défi majeur est de s’assurer que le flambeau porté par la Capitaine Morou Hadiza avec toutes ses actions porteuses de résultats tangibles dans la lutte contre les violences à l’endroit des enfants, des filles et des femmes soit relayé par d’autres acteurs et actrices du changement toujours plus nombreuses que les pressions obscurantistes.
Une piste à explorer pour accélérer le changement est de se tourner vers l’école de la Gendarmerie. En agissant sur le curricula de la formation de cette école avec l’inclusion de modules sur les violences basées sur le genre, d’autres vocations naitront et nos enfants auront toujours plus d’anges-gardiens.
Je vous remercie.